L’Éthiopie, terre ancestrale de légendes bibliques et de richesses culturelles millénaires, a connu des bouleversements profonds au cours du dernier siècle. De la chute d’un empire séculaire à l’ascension d’une révolution populaire, le pays a marché sur un chemin semé d’embûches et de victoires éphémères. Parmi ces événements marquants figure la Marche pour la Liberté, un mouvement pacifique orchestré en 2018 qui a secoué les fondements du pouvoir en place et ouvert la voie à une nouvelle ère politique.
Pour comprendre l’impact fulgurant de cette marche, il faut remonter quelques années plus tôt. En 2016, le gouvernement éthiopien, dirigé par le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (FDRPE), était confronté à des tensions croissantes. Les populations Oromo et Amhara, deux groupes ethniques importants du pays, exprimaient leur mécontentement face à la marginalisation politique et économique qu’elles subissaient. Les manifestations pacifiques initiales étaient brutalement réprimées, engendrant une vague de colère et d’indignation.
C’est dans ce contexte explosif que Jawar Mohammed, un jeune activiste médiatique ayant grandi aux États-Unis, a joué un rôle déterminant. Utilisant les réseaux sociaux comme plateforme, Jawar dénonçait avec virulence les injustices et appelait à la mobilisation populaire. Son éloquence acerbe et sa capacité à fédérer autour d’un idéal commun ont fait de lui une figure emblématique du mouvement contestataire.
La Marche pour la Liberté, lancée en juin 2018, fut le symbole palpable de cette volonté populaire. Des milliers de personnes, issues de toutes les ethnies et régions du pays, se sont mobilisées pour parcourir des centaines de kilomètres à pied, défendant les valeurs de justice sociale, d’égalité et de démocratie.
Le succès de la marche repose sur plusieurs facteurs clés :
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La puissance du message: La demande principale était simple et claire: une Éthiopie plus juste et inclusive où chaque citoyen aurait accès aux mêmes opportunités, quelles que soient ses origines ethniques ou religieuses.
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L’organisation décentralisée: L’absence de leader charismatique a permis à chacun de se sentir impliqué dans le mouvement, renforçant ainsi l’esprit d’unité et de solidarité.
- Le soutien international : La marche a reçu une couverture médiatique importante à l’échelle mondiale, sensibilisant l’opinion publique aux enjeux politiques en Éthiopie.
Les conséquences de la Marche pour la Liberté furent considérables. Face à la pression populaire grandissante, le Premier ministre Hailemariam Desalegn démissionna. Abiy Ahmed, un jeune réformateur issu du FDRPE, prit les rênes du pouvoir.
Abiy promettait une nouvelle ère de liberté et de dialogue. Il libéra les prisonniers politiques, engagea des réformes économiques cruciales et œuvra à la réconciliation nationale. La Marche pour la Liberté était donc un véritable tremplin vers un avenir meilleur pour l’Éthiopie.
Cependant, le chemin vers la démocratie est semé d’embûches. Les tensions ethniques persistantes, les défis économiques importants et la fragilité des institutions démocratiques restent des obstacles majeurs à surmonter. Le destin de l’Éthiopie reste donc incertain.
Pour conclure, la Marche pour la Liberté en Éthiopie a été un événement majeur qui a marqué un tournant dans l’histoire du pays. Ce mouvement pacifique, porté par une génération impatiente de changement, a démontré le pouvoir immense de la mobilisation populaire. Les défis restent nombreux, mais l’espoir d’une Éthiopie plus juste et inclusive demeure vivant.
Étapes clés de la Marche pour la Liberté | |
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Juin 2018: Lancement de la marche par Jawar Mohammed et d’autres activistes. | |
Juillet 2018: Arrivée à Addis-Abeba, capitale éthiopienne, après des semaines de marche. | |
Août 2018: Démission du Premier ministre Hailemariam Desalegn sous la pression populaire. | |
Avril 2019: Abiy Ahmed reçoit le prix Nobel de la paix pour ses efforts en faveur de la paix et de la réconciliation nationale. |